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Elle n'avait quasiment pas fermé l'oeil de la nuit. Le décalage horaire se faisait ressentir, il lui fallait encore s'adapter. Cependant, le changement de continent n'était que la dernière des raisons pour laquelle les bras de Morphée lui avaient été fermés. Une multitude de questions se bousculaient dans son esprit. Qu'allait-elle faire, à présent qu'elle était revenue à l'endroit exact qu'elle avait quitté six années auparavant ? Qu'était-elle supposée faire ? Avait-elle bien fait de revenir là où elle avait tout quitté ? Elle leva les yeux vers l'horloge suspendue au dessus du lit, puis soupira. Elle s'assit, et vint appuyer son dos sur la tête de lit, dans l'incapacité de retrouver le sommeil. Son regard parcourut la chambre dans laquelle elle se trouvait, bien qu'elle arrive à peine à discerner certaines formes. Le soleil devait avoir commencé à se lever, mais elle, préférait rester dans la pénombre tant qu'elle le pouvait encore. Marloes avait peur d'affronter la réalité. Elle qui avait d'habitude un courage qui en surprenait plus d'un, avait là du mal à se résoudre à aller droit au but. La peur et l'appréhension l'habitaient plus que jamais, et plus jamais encore elle n'avait eu envie de fuir, aussitôt arrivée quelque part. Il était huit heures du matin, heure à laquelle la ville commençait à s'animer. Heure à laquelle d'habitude, elle se levait pour se rentre au travail, travail qu'elle avait lui aussi, quitté. La jeune femme repoussa les couvertures, et posa ses deux pieds au sol. Rester une minute sans rien faire lui était devenu impossible, alors elle se dirigea vers la salle de bain. Elle jeta un coup d'oeil à son reflet dans le miroir et grimaça, comme tous les matins. Une bonne douche lui ferait du bien, du moins c'est ce qu'elle pensa. Alors, elle entra dans la baignoire et fit couler l'eau pratiquement brûlante sur son corps. Elle resta appuyée contre le mur pendant une bonne vingtaine de minutes, se contentant de changer le jet d'eau de place de temps à autres. Perdue dans ses pensées, elle se demanda ce qu'elle allait faire de sa journée, ou plutôt comment est-ce qu'elle allait le faire. Son objectif était de reprendre contact avec Adam. Elle avait en plus d'avoir envie, besoin de le voir. En effet, elle n'avait pas encore décidé quant à si elle allait rester à Amsterdam ou pas, et le voir pourrait avoir un effet considérable sur sa décision. Ils avaient énormément de choses à dire, mais si elle le savait, il prétendrait le contraire. Elle se préparait aussi à l'éventualité qu'il puisse lui en vouloir tellement qu'il refuse de lui parler. Tout ceci l'effrayait au plus haut point, mais elle se devait le faire. Une fois propre, elle s'habilla et s'attacha les cheveux en une queue de cheval. Enfin elle ouvrit les volets, et découvrit la ville de bon matin. Son visage s'adoucit, cela lui avait manqué. Il était honze heures quand elle décida qu'elle ne pouvait plus tenir en place, alors elle s'empara de son sac à main, claqua la porte de sa chambre et quitta l'hôtel. La jeune femme savait pertinemment où elle se rendait, chez l'homme qui avait une fois était son époux. Elle connaissait le chemin par cœur, étant donné qu'elle avait elle aussi pendant quelques mois habité là-bas. Elle marcha d'un pas rapide et assuré, jusqu'à ce qu'elle arrive devant le dit immeuble. Là, son ventre se noua et la peur qu'elle pensait envolée refit surface. Elle n'avait plus le droit de faire marche arrière cependant, alors elle grimpa les escaliers, trop angoissée pour attendre l'ascenseur et arriva devant l'appartement d'Adam. Elle se mordit la lèvre inférieure, prit son courage à deux mains, et appuya sur le bouton de sonnerie avant qu'elle ne songe à rebrousser chemin.

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Cela faisait un moment qu'elle pensait à « rentrer », bien qu'elle ne soit pas certaine que le mot soit approprié. Revenir à Amsterdam était une possibilité à laquelle elle pensait depuis des années déjà. Pendant les semaines qui avaient suivi son départ, cette idée lui trottait déjà dans la tête. En partant, elle n'avait aucune idée de pour combien de temps est-ce qu'elle serait absente, et aussi surprenant que cela puisse paraître, au début son but n'était pas de ne jamais revenir. Elle n'avait pas pour intention de tirer définitivement une croix sur sa vie, et pourtant. Elle même n'arrivait pas à expliquer tout le temps qui s'était écoulé jusqu'à ce qu'elle décide de revenir, temps qui n'était pas négligeable. Plusieurs fois aussi, l'envie d'appeler Adam s'était faite ressentir, mais à chaque fois elle faisait demi-tour au dernier moment. Elle le connaissait, et avait peur que par exemple, il vienne la chercher. Et puis, lui parler pour en fait lui dire qu'elle n'était pas sûre de revenir lui aurait fait plus de mal que de bien, c'est ce qu'elle avait pensé. Avec le recul et si elle devait le refaire, elle aurait sans doute pensé autrement. Marloes savait qu'elle avait fait des erreurs, et elle était essentiellement revenue pour les faire réparer, ou en tout cas essayer. Très fort. Ses priorités étaient Adam et Betsy, il fallait que les choses s'arrangent. Il le fallait, ou sinon elle ne tiendrait pas. Pendant six ans, elle n'avait pas vécu non, elle avait survécu, faisant sembler d'aller bien. Mais elle n'allait jamais bien, qui l'aurait été ? Elle aurait pu lui téléphoner, mais ce dont elle voulait parler se disait face à face. Quitte à ce qu'elle s'en prenne pleins la tête, il n'y avait pas d'autre moyen. Aussitôt son geste fait, aussitôt elle le regretta. Elle venait s'appuyer sur la sonnette, sans même savoir ce qu'elle allait lui dire, alors elle se mit à prier mentalement. Elle avait beau être athée et ne croire en aucun dieu, elle se dit que tenter était la meilleure chose à faire. Elle espéra très fort qu'il ne soit pas là, ou que par chance il ne l'ai pas entendue. Était-elle prête à lui faire face ? Le mal était fait de toute manière. La porte s'ouvrit, son cœur se mit à battre la chamade. Il était bien là, il se tenait devant elle. Les larmes lui montèrent instantanément aux yeux, mais elle tenta de se reprendre. « Marloes .. » Sa voix. Oh, sa voix. Elle du faire preuve d'une grande maitrise de ses émotions, car elle aurait fondu en larme. Elle était légèrement plus grave, ce qui ajoutait encore plus à son charme naturel. Si elle avait voulu parler, elle n'en n'aurait pas été capable. Tout à coup, des souvenirs refirent surface dans sa mémoire, des souvenirs qu'elle pensait enfouis pour toujours, ou même qu'elle croyait avoir oublié. Elle plongea son regard dans le sien, bien qu'elle ne soit pas sûre de pouvoir le soutenir. Ses yeux l'avaient toujours fasciné, aussi loin qu'elle s'en rappelle. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » Il était froid, distant. Elle savait qu'il n'allait pas la prendre dans ses bras, mais cela lui faisait tout de même un choc. Elle ne savait même pas quoi lui répondre, ni comment le dire. Il croisa les bras, l'air sérieux, toujours aussi distant. « J... » Sa gorge était nouée, l'émotion l'avait gagnée, mais les larmes ne coulaient toujours pas. « Je suis arrivée hier. » Elle se mordit les joues, et prit une grande inspiration. « Adam, je sais que je suis probablement la dernière personne sur terre à qui tu as envie de parler mais.. » Elle marqua une pause, et détourna le regard. « ..Mais je pense qu'on a des choses à se dire. Ou si tu ne veux pas parler, alors au moins s'il-te-plait, écoute-moi. »

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Elle avait à maintes reprises imaginé cette scène, et s'était fait des centaines de films sur ses éventuelles retrouvailles avec Adam. Tous les scénarios étaient possibles, tous sans aucune exception. Elle avait dans l'avion et puis plus tard dans sa chambre d'hôtel cogité pendant des et des heures sur comment est-ce qu'elle s'y prendrait, sans jamais réussir à trouver une solution. Peut-être qu'il n'y en n'avait pas, tout simplement. Si partir avait pu passer comme étant un acte de lâcheté sans précédent, se rendre chez l'homme qu'elle avait tant aimé lui demandait un courage presque surhumain. C'est tremblotante qu'elle avait sonné, très peu rassuré quant à la tournure que les événements allaient prendre. Et s'il décidait de lui claquer la porte au nez, histoire de bien lui faire comprendre qu'elle n'aurait jamais du revenir ? Ça aussi, elle se l'était imaginé. Non, il avait bien ouvert la porte et se trouvait bien devant elle. Il lui paraissait encore plus grand que la dernière fois qu'elle l'avait vu, en même temps, il avait toujours faire une quinzaine voire une vingtaine de centimètres de plus qu'elle. Une des choses qui l'avaient alors séduite. Son visage ne trahissait aucune émotion, ce qu'elle ne savait pas comment prendre. Et s'il n'était pas seul ? Après tout, rien ne l'aurait empêché de refaire sa vie avec une autre, et même de fonder son propre foyer. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette idée ne lui avait pas traversé l'esprit avant qu'elle ne franchisse le seuil de l'immeuble. Elle n'arrivait pas à concevoir qu'il aurait pu avoir envie de mener une vie digne de ce nom, sans elle. C'était égoïste, mais cela prouvait aussi qu'elle tenait toujours à lui. Jamais il ne s'était montré aussi froid avec elle, Marloes était quelque peu déstabilisée par le ton qu'Adam employait. Il n'était pas ravi de la voir débarquer de manière aussi peu conventionnelle, elle le savait. Et elle avait beau s'y être préparée, la pilule de la réalité semblait dure à avaler. « J'ai appris ça. » Elle ouvrit légèrement plus grand ses yeux, un peu surprise. Comment était-il au courant ? Betsy ? Ou même quelqu'un d'autre. Le nom de la jeune femme n'était plus à refaire, et les gens se donnaient à cœur joie quand il s'agissait de ragots. Elle ne dit rien cependant, lui demander d'où est-ce qu'il tenait cette information aurait été un peu déplacée, elle n'était pas en position de demander des comptes à qui que ce soit. Le jeune homme la laissa continuer, elle prit donc une grande inspiration tenta de lui dire ce qu'elle avait sur le cœur. « Tu as raison je n'ai pas envie de parler, mais si tu as quelque chose à dire n'hésite pas. » Elle avait légèrement l'impression qu'il était sarcastique, elle n'aurait sur le dire. Il avait l'air changé, elle n'aurait cependant su expliquer comment, mais elle pouvait le sentir. Bien, il n'avait pas envie de parler, ce qui signifiait qu'elle allait sûrement s'adonner à des monologues, et un sentiment de solitude extrême. Tant pis, elle parlerait pour deux s'il le fallait. Il lui fit signe de rentrer, c'est hésitant qu'elle mit les pieds dans l'appartement. L'odeur n'avait pas changé, ainsi que la décoration -si ce n'était quelques tableaux- qu'ils avaient à l'époque choisit ensemble. « Merci. » Elle avait habité là, et pourtant elle s'y sentait comme une étrangère. Oui, elle n'y avait pas, plus sa place. « Apparemment ton groupe marche bien, félicitations. » Elle était sincère. Il valait mieux commencer la conversation par un sujet léger selon elle, mais cela ne durerait pas. « Tu dois me trouver gonflée de venir chez toi, comme ça. » Le « chez toi » lui faisait peine à dire, et puisqu'il avait décidé de ne pas prononcer un mot, elle tentait de deviner ses pensées. « Comment est-ce que tu vas, Adam ? » Elle voulait savoir, et peut-être que de cette manière, elle réussirait à lui décrocher quelques paroles.

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Elle le suivit dans la salle principale, sans rien dire. Elle tenta de ne pas se montrer trop intrusive, mais elle pensait que c'était raté pour ça. Elle était déjà là, ce qui suffisait à la qualifier d'envahissante, sachant qu'elle n'habitait plus là. Son but était de mettre les choses au clair avec Adam, mais elle se voyait mal renter immédiatement dans le vif du sujet, surtout pas quand il se montrait encore aussi peu sympathique avec elle. Marloes ne lui en voulait pas, non, mais elle ne pouvait pas lui parler sérieusement alors qu'il était encore autant sur la défensive. Il avait beau avoir l'air changé, elle espérait qu'il restait encore une part de lui qui était restée comme l'homme dont elle était tombée amoureuse. Quand ils étaient ensemble, elle parvenait toujours ou du moins à le calmer dans ses excès de colère, et elle espérait qu'elle réussirait à faire de même, bien que rien n'était gagné. Marloes fit allusion à son groupe, dont elle avait entendu parler, comme beaucoup de gens. Voir qu'il avait réussi à acquérir une certaine notoriété, depuis le temps qu'il en rêvait, l'avait remplie de joie. Elle se sentait fière. Malgré le fait qu'ils ne soient plus ensemble, la jeune femme se sentait et se sentirait pour toujours probablement liée à lui. « C'est vrai il marche plutôt bien. » Il ne prit même pas la peine de la regarder, ce qui l'attrista. Elle ne pouvait cependant lui en demander trop d'un coup, lui parler devait déjà lui demander de faire des efforts considérables. Elle hocha la tête en guise de réponse, et réajusta sa queue de cheval. Il se montrait toujours aussi distant, mais elle tentait de s'y faire. Elle baissa légèrement la tête, et se mordit la lèvre inférieure. Elle se dit ensuite qu'elle allait lui tirer les vers du nez, elle n'avait pas l'intention de continuer à se heurter à un mur. « Je ne vais pas te contredire, mais dans un sens il fut une époque où c'était le tien aussi. » Elle détourna le regard, une nouvelle fois. Elle avait beau faire la courageuse, la peur était toujours aussi présente, même si avec un visage aussi expressif que le sien, il n'était pas bien difficile de deviner ses sentiments. « C'est vrai. » Il n'y avait rien d'autre à dire. Elle sentit dans ses paroles, de l'amertume, il insista sur le « il fut une époque ». Chaque mot lui paraissait comme étant des petits couteaux qu'on lui enfonçait droit dans le cœur, mais elle tenta de rester calme. Marloes prit un risque en lui demandant comment il allait, elle s'attendait à toutes réactions. Il aurait pu lui faire un grand sourire, lui dire que tout allait pour le mieux dans sa vie, et lui balancer son bonheur en pleine face. Il aurait pu, mais il n'en fit rien. Toujours les bras croisés, il lui répondit. « Je pensais que tu avais des choses à me dire alors restons-en là. » Aoutch. Même dans ses pires souvenirs, elle ne se rappelait pas qu'il lui ait déjà parlé de la sorte. Encore une fois, elle avait beau avoir mentalement essayé de se préparer, elle avait peur de perdre pied. Elle sentit les larmes monter, mais ne les autorisa pas à franchir la barrière qu'étaient ses pupilles. Non, elle allait rester forte. « Je veux dire après six ans c'est tout ce que tu trouves à me dire, des banalités ? » Elle leva les yeux, et serra les dents. « Non. Après six ans, j'ai des tas de choses à te dire. Des choses que j'aurais du dire il y a bien longtemps. Adam je.. » Sa voix se brisa, elle fronça les sourcils et baissa la tête, ses yeux s'humidifiaient. « Il n'y a pas un seul jour depuis tout ce temps, où je n'ai pas pensé à toi, et à tout ce qui s'est passé. Crois-le ou non, partir a été la plus dure décision que j'ai eu à faire de toute ma vie. » Elle plissa les lèvres, avait de poursuivre. « Je ne suis pas fière de moi, ou même contente d'avoir tout quitté. Pour tout te dire, j'ai pensé au pire. » Par le « pire », elle pensait bien à mettre fin à ses jours. Le mal-être était tellement intense qu'elle ne voyait pas pourquoi elle resterait en vie. « Je sais que je t'ai fait du mal, Adam. Et j'en suis vraiment, vraiment désolée. »

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« Personne ne t'a obligé à partir tu sais. Je vais sembler horrible en disant ça mais ce n'était pas la décision la plus difficile, mais la plus lâche que tu ais prise.  » C'était une chose de savoir cela, l'entendre en était une autre. Elle avait l'impression que l'on ne faisait que lui enfoncer les couteaux, encore plus profonds dans la plaie. Elle se sentait mal, elle avait mal. Il la trouvait lâche, elle l'avait déçue au plus haut point. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était encaisser encore et encore. Il devait estimer qu'elle l'avait bien mérité, ce qui n'était pas faux. Elle se serait bien défendu, mais elle était en tort, alors elle se contenta de subir. Au moins elle avait réussi à le faire parler, ce qui n'était il y a une quinzaine de minutes pas du tout acquis, au moins cela lui montrait qu'il n'était pas totalement indifférent à sa présence. Retenir ses larmes lui paraissait infaisable, mais elle se jura de ne rien verser tant qu'elle n'aurait pas fini de parler, elle n'allait pas se positionner en victime, même si c'était l'impression qu'elle pouvait donner. Et puis, pleurait ne servirait de toutes manières à rien. « Tu es partie sans te retourner, tu ne m'as pas seulement fuis tu as aussi fuis tes amis, ta famille. » Elle avait fuit, en effet, se sentant plus seule que jamais. A la mort de leur enfant pourtant, elle avait été bien entourée, par ces mêmes personnes qu'elle avait abandonné, mais cela n'avait pas suffit. Elle n'avait pas réussi à exprimer son mal-être, et avait la grande impression que personne ne comprenait ce qu'elle traversait. « Et je le regrette tous les jours, à chaque instant. » Elle eut un moment d'absence, repensant à cette période douloureuse qui avait précédé son départ, où elle avait broyé du noir. Elle voulait fuir ce qui lui rappelait de près ou de loin la vie qu'elle aurait pu avoir, qu'en un instant, on lui enleva. « Tu sais je n'attendais rien de toi quand tu as franchis le seul de la porte. » Cela devait faire un petit moment à présent qu'il n'attendait plus rien d'elle. Souvent elle se demandait comment aurait été sa vie si elle ne s'était pas échappée de l'autre côté de l'Atlantique, ou si elle était revenue après seulement quelques escapades. Que seraient-ils devenus ? Leur couple aurait-il survécu à toutes ces épreuves ? Elle n'en savait et n'en saurait jamais rien. « Ce que je veux dire c'est que je ne savais pas si tu étais venu pour me faire des reproches à propos de notre passé où me faire des excuses. » Elle secoua la tête. « Je n'ai rien à te reprocher, Adam. Je ne suis pas là pour ça. » Elle tenta de capter son regard, en se rapprochant de lui. « Je n'ai jamais rien eu à te reprocher, même si je l'ai fait dans le passé, à tort. » Enfin elle s'excusa, même si elle avait conscience que des mots ne réussiraient pas à réparer six ans de silence radio. « Tu es sincère je le sens, je le sais seulement cela n'efface pas ce que tu as fais. C'est une chose de me quitter ça en est une autre de faire comme si notre histoire n'avait jamais existé.  » Au même moment, il baissa les yeux. Il était donc touché, elle en avait maintenant l'intime conviction. Non, elle n'en n'était pas ravie, elle savait juste qu'il était toujours un peu, le même. Elle ne savait pas quoi répondre, pour la simple et bonne raison qu'elle n'aurait su expliquer son geste. En demandant l'annulation de leur mariage, elle n'avait pas pleinement conscience de ses actes, même si elle avait prétendu le contraire. Elle était juste perdue, et surtout jeune. Se marier, tomber enceinte, puis perdre un bébé dans la foulée à seulement dix-neuf ans lui avait pesé, on avait beau la voir comme une fille forte et mature, elle restait quelque part une grande enfant. Renier leur mariage était une manière de renier le fait qu'elle soit tombée enceinte, et dont qu'ils n'avaient pas perdu d'enfant. Elle eut un énorme pincement au cœur, une image du jour de son accouchement refit surface. Cette fois-là, elle ne put s'empêcher de laisser échapper une larme, puis deux, puis trois. Elle prit une grande inspiration, avant de passer son index sous son œil. « Je me suis montrée égoïste, et même détestable par moments. Et je suis désolée si à l'époque, je t'ai fait te sentir comme un moins que rien, ou comme si tu m'étais inutile. » Elle leva les yeux vers le plafond, ces derniers étant désormais complètement larmoyants. « Et je suis désolée de t'avoir fait comprendre que tu n'avais pas aussi mal que moi. Ce ne sont que des mots, mais je pense chacun de ceux que je prononce. » « Tu dois te dire : mon dieu c'est devenu un vrai connard. Je ne te contredirais pas parce que c'est vrai seulement il y a une raison à cela et cette raison c'est toi. » A cet instant, elle aurait aimé qu'un gouffre s'ouvre sous ses pieds, et qu'elle disparaisse à jamais. « Je suis désolée pour tout. »

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« Tout comme moi. » Oh. A présent, la jeune femme avait une idée de comment Adam ressentait les choses. Elle avait l'impression d'avoir gagné une petite bataille, non pas qu'elle se sente victorieuse, mais elle avait réussi à le faire parler de sentiments, ce dont il semblait au début retissant. Au moins elle savait qu'il ne ressentait pas rien, ce qui l'aurait achevée. Pourtant en six ans, il aurait eut le temps de faire son deuil, et du bébé, et d'elle, et de passer à autre chose, ce qu'elle espérait secrètement qu'il n'ait pas fait. Du moins pas d'elle, pas complètement. Elle se doutait forcément que vivre dans le souvenir d'une personne qu'on avait aimé, et que quelque part on aimait peut-être encore, ne serait-ce qu'un peu n'avait rien de sain. Et malgré cela, il lui était arrivé de se poser à sa fenêtre les nuits dans sa chambre, et se demander ce qu'il était en train de faire, s'il avait pensé à elle dans la journée. Marloes pencha légèrement sa tête, touchée par la réaction du jeune homme. Et coupable aussi. « Ravie de voir que tu ne l'as pas oublié, car moi non plus. Tu t'es déchargé sur moi comme si j'étais responsable de nos problèmes, tu m'as fais passé pour le méchant de l'histoire alors tout ce que j'essayais de faire c'est t'aider à passer ce moment difficile. » Un petit blanc s'intalla entre les deux, avec ses paroles il l'avait littéralement sciée. Elle était comme muette, incapable d'émettre le moindre son. Elle sentait sa gorge qui l'irritait, et l'obligeait à déglutir plus qu'elle n'aurait du. La boule dans le ventre qu'elle avait en entrant dans l'appartement refit surface, aussi bien qu'elle passa sa main droite dessus. Pour quelqu'un qui n'avait pas envie de parler, il venait de se montrer très clair. Apparemment, la rancœur était toujours présente, le ton de sa voix, son regard et surtout ces mots, assez durs, parlaient d'eux-mêmes. « Comment tu m'as remercier ? En annulant notre mariage. C'est quelque chose que je ne pourrais jamais oublier. » Elle se croyait en plein cauchemar, comme si rien de ce qu'il venait de dire n'était vrai, comme s'il ne se trouvait même pas vraiment en face d'elle, et qu'elle n'était pas réellement chez lui. Marloes fut prise d'un léger vertige qu'elle essaya de masquer tant bien que mal en agrippant la première chose qu'elle sut attraper, soit le canapé. Elle se serait bien excusée, mais elle l'avait déjà fait. Que répondre ? Il avait raison, aussi dur à admettre que ça l'était. « J'avais mal, Adam. Je sais que toi aussi. Mais j'avais mal. Je ne voulais pas ça. » Par « ça », elle entendant l'annulation du mariage, mais ces mots lui paraissaient encore difficile à prononcer, en particulier devant lui. « Je voulais juste arrêter d'avoir mal. » Elle avait échoué, car cette décision n'avait fait que l'enfoncer un peu plus, et l'avait poussée à partir quelques semaines plus tard. Elle le savait, hélas. « Je l'étais. Je n'ai pas été fichu de te rendre heureuse. » Elle s'excuse à nouveau. Marloes n'était pas le genre de personne qui avait l'habitude de demander pardon, car elle n'avait normalement rien à se faire pardonner. Elle faisait partie des « bonnes personnes », sauf dans ce cas précis. Sa fierté en avait pris un coup, mais peu importait, elle était prête à endurer cela, il le fallait. Elle sentit Adam agacé par toutes ses excuses et elle le comprenait, elle arrivait à se mettre à sa place cette fois-ci. Ce qu'elle n'avait pas su faire quelques années plus tôt. « Tu dois vraiment arrêter de t'excuser je veux dire c'est pas ça qui va arranger les choses. Je te crois sincèrement, mais on ne reviendra jamais en arrière. » Elle sécha ses dernières larmes. « Je sais, mais c'est tout ce que j'ai, maintenant. Mes regrets, et fantômes du passé. Oui, je me suis mise là dedans toute seule, je l'ai bien compris. » Elle osa se rapprocher de lui un peu plus, à ses risques et périls. Cela lui faisait étrange de se retrouver aussi près de lui, elle en arrivait presque à sentir son souffle sur son visage, presque. Elle plissa les yeux, avant d'une nouvelle fois, se livrer à cœur ouvert, même si la peur d'être rejetée était présente. « Alors quoi, Adam ? » Elle se mordit la lèvre. « Dis-moi, qu'est-ce qui peut arranger les choses ? » Elle espérait de tout cœur qu'il ne lui réponde pas un simple et sec « rien », elle ne le supporterait pas.

« J'avais mal, Adam. Je sais que toi aussi. Mais j'avais mal. Je ne voulais pas ça. » Commença par lui dire Marloes. Il cru devenir fou. Elle appelait leur mariage : ça comme si elle ne pouvait pas le dire à haute voix. Elle osait lui parler de sa douleur, des raisons de ses actes comme si elle cherchait son pardon. Ce qu'elle n'avait pas compris c'est qu'il était incapable pour le moment de lui donner. Adam lui-même avait déjà trop mal. « Je voulais juste arrêter d'avoir mal. » Continua la jeune femme. Adam ne pouvait pas la laisser parler ainsi. Il devait s'imposer en disant ce qu'elle pense. Elle pensait tellement avoir raison qu'elle avait oublié une partie du problème : Adam comptait aussi. Elle parlait uniquement de sa douleur, de sa décision sans penser à son implication. Pas ne seconde elle ne s'était souciée de ce qu'il pouvait ressentir. « En repoussant ton mari ? Celui qui avait promis de passer le reste de sa vie avec toi. » Commença par lui dire Adam. Il pensait ses vœux lorsqu'il l'avait épousé. Il était réellement prêt à lui être fidèle jusqu'à la fin de sa vie, à fonder une famille avec elle. C'est Marloes qui est partie, car lui aurait été capable d'essayer de recoller les morceaux. « Tu veux que je te dise tu as été égoïste. Tu ne t'es préoccupé que de ta petite personne et de ta douleur. » Continua Adam. Il était obligé de lui dire ça. Marloes n'essayait pas de comprendre son point de vue. Il avait aussi souffert qu'elle peut-être plus, car en quelques mois il avait perdu non seulement son bébé, mais aussi la femme de sa vie. « Je te signale que c'est aussi mon bébé, je l'ai aussi perdu en même temps que toi. » Renchéri Adam. Pour la première fois il voulait lui faire comprendre que lui aussi avait eu le cœur brisé en perdant ce bébé, que lui aussi avait eu du mal à s'en remettre. Certes sa douleur était différence, mais elle n'était pas moins importante. « Est-ce qu'une seule fois tu m'as demandé si ça allait ? » Lui demanda Adam. Marloes ne pourrait pas répondre parce qu'elle savait que c'était non. Elle avait tellement essayé de s'en sortir qu'elle n'avait pas été capable de se soucier d'Adam. Il pouvait comprendre que sa peine était tellement forte qu'elle ne pouvait pas tout gérer, seulement elle aurait dû plus se soucier de son mari. « Tu ne t'en souciais pas parce que tu avais déjà du mal à gérer ta propre douleur ce que je peux comprendre. Seulement met toi à ma place cinq minutes. Si j'avais fais ce que tu as fais tu ne m'aurais pas claqué la porte au nez ? » Lui demanda ensuite le jeune homme. Marloes pouvait répondre la vérité il ne lui en voudrait pas de répondre positivement après tout cela lui avait traversé l'esprit de lui claquer la porte au nez. La rancœur, l'orgueil c'est quelque chose de naturel. « Je sais, mais c'est tout ce que j'ai, maintenant. Mes regrets, et fantômes du passé. Oui, je me suis mise là dedans toute seule, je l'ai bien compris. » Lui fit remarquer la jeune femme. Adam ne savait pas quoi lui répondre. Il ne pouvait pas lui dire le contraire, car en partant elle s'était elle-même isolée des autres. Non seulement de lui, mais aussi de sa sœur, de sa famille, de ses amis etc .. « Je ne peux pas te contredire, j'aimerais, mais je ne peux pas. » Adam remarquait qu'il y avait un blanc entre eux. Il avait osé dire ce qu'il pensait en blessant la jeune femme au passage. Lui faire du mal ce n'était pas ce qu'il voulait seulement il ne regrettait pas ces paroles. « Alors quoi, Adam ? » Lui demanda Marloes comme si elle attendait quelque chose de lui. Adam ne savait pas quoi lui répondre. Ce n'était pas évident pour lui non plus. Il y a deux jours il ne pensait même pas à elle parce qu'il avait appris à ne pas le faire justement cela lui faisait trop de mal de le faire. « Dis-moi, qu'est-ce qui peut arranger les choses ? » Lui demanda ensuite Merloes. Adam avait été honnête avec elle en pensant chacun de ses mots. Elle ne pouvait pas lui reprocher de penser par lui-même. Il voulait qu'elle se remette de ce qu'il lui avait dit, qu'elle comprenne que c'était elle qui l'avait forcé à parler alors qu'il ne voulait pas. Marloes ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même encore une fois. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? » Lui demanda Adam. Ce n'était pas une question méchante il voulait simplement qu'elle comprenne qu'il n'a pas de solution miracle, que lui aussi aimerait oublier tout ça et revenir en arrière, mais que ce n'est pas possible. Il y a six ans Marloes a fait des choix et elle doit les assumer. Rien ne sera jamais quand avant. « On ne reviendra pas en arrière, on ne peut pas changer le passé. » Lui fit remarquer Adam. Peut-être que leur relation pourra devenir moins tendu quand la rancœur d'Adam se sera calmé. Peut-être que leur relation s'améliorera, mais rien ne sera comme avant. Adam a changé, Marloes a changé. Adam fini par lui dire : « Sincèrement j'ignore ce qui pourrait arranger les choses et même si c'est possible. Peut-être que notre histoire est trop ravagée par le passé pour aller mieux. »

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Lorsqu'Adam évoqua sa famille, Marloes eut une rapide pensée pour son père. Ni elle ni sa sœur n'avaient été proches de lui, mais il demeurait son géniteur et malgré tout, elle avait beau le détester pour un amas de choses, elle l'aimait tout de même. De même pour sa mère, à qui elle en avait voulu, et en voulait toujours de les avoir quitté alors qu'elle était encore adolescente. Elle n'avait à l'époque pas pensé que ce qu'elle était sur le point de faire ressemblerait grandement à ce que sa mère leur avait faire subir ; l'abandon. Leurs raisons de partir avaient beau avoir été complètement différentes, le résultat au final, avait été le même ; des cœurs brisés et de la rancœur, beaucoup de rancœur. « En repoussant ton mari ? Celui qui avait promis de passer le reste de sa vie avec toi. » Il avait en effet promis, et elle savait pertinemment qu'il se tiendrait à ses engagements, qu'il serait quoiqu'il arrive, bien qu'au début de leur histoire, personne ou presque n'aurait parié sur leur couple. Aucun des deux ne cherchait forcément à se caser si jeune, et Adam était ce que l'on pouvait communément appeler un coureur de jupon et un dragueur invertébré. Il avait pourtant bien changé, et elle l'avait rejeté, involontairement, inconsciemment. Elle haussa les épaules en guise d'excuse, plissa les lèvres, les yeux toujours larmoyants. « Tu veux que je te dise tu as été égoïste. Tu ne t'es préoccupé que de ta petite personne et de ta douleur. » Il l'avait dit, enfin. Elle pensait savoir ce qu'il pouvait ressentir, et elle ne s'était pas trompée. Elle aurait voulut avoir quelque chose de pertinent, et qui tenait la route mais il aurait eut un contre-argument, et aurait eu raison de toutes manières alors elle s'abstint de toute réponse. Après tout, peut-être qu'il était mieux qu'elle le laisse s'exprimer, malgré son refus de le faire au début. Il en avait besoin, même s'il ne souhaitait pas l'avouer. « Je te signale que c'est aussi mon bébé, je l'ai aussi perdu en même temps que toi. » Elle eut un mouvement de recul, et porta sa main à la bouche. Elle ne pensait qu'il aborderait franchement le sujet, elle-même ne sachant pas si elle était prête pour cela. Avoir perdu son enfant, la chaire de sa chaire lui avait été insoutenable et pas un seul jour ne passait sans qu'elle n'y pense d'une manière plus ou moins profonde. Elle se refusait cependant d'en parler, sept ans plus tard, cela restait douloureux, tellement que le sujet en devait tabou. « Je m'en rappelle. » Elle était à présent légèrement énervée, blessée qu'Adam utilise cet « argument » pour l'atteindre. « Est-ce qu'une seule fois tu m'as demandé si ça allait ? » Elle détourna le regard, encore une fois. Il l’assommait de questions rhétoriques, tellement qu'elle en devenait impuissante, et encore plus coupable. « Tu ne t'en souciais pas parce que tu avais déjà du mal à gérer ta propre douleur ce que je peux comprendre. Seulement met toi à ma place cinq minutes. Si j'avais fais ce que tu as fais tu ne m'aurais pas claqué la porte au nez ? » Elle l'aurait fait, et pas qu'une fois, certes. Elle aurait peut-être même refusé de lui ouvrir la fameuse porte, mais tout ce qu'elle pouvait faire était émettre des suppositions, rien d'autres. Intégrer la perte de l'enfant à leur conversation l'avait achevée, elle se sentait soudainement faible. Elle baissa les épaules et soupira, à bout de nerfs. « On ne reviendra pas en arrière, on ne peut pas changer le passé. Sincèrement j'ignore ce qui pourrait arranger les choses et même si c'est possible. Peut-être que notre histoire est trop ravagée par le passé pour aller mieux.  » Elle ne put retenir ses sanglots, passa sa main sur sa joue, puis dans sa nuque. « Tu as raison je.. » Elle secoua la tête, tentant d'articuler des paroles compréhensible malgré ses larmes. « Je ne sais pas ce que j'ai cru en revenant comme ça. » Elle déglutit, posa sa main sur le sac à main qu'elle avait abandonné sur le canapé une vingtaine de minutes auparavant. Elle avait besoin d'air frais, de sortir, car sinon elle allait imploser. « Je voulais juste que tu saches que.. Tu n'es pas la raison pour laquelle je suis partie, il y a six ans. C'était moi. » Elle se mit à marcher à reculons, toujours en le regardant dans les yeux. « Tu as dit tout à l'heure que tu n'avais pas su me rendre heureuse, c'est faux. Je ne savais juste pas comment me comporter vis-à-vis de toute ton attention, et ta gentillesse, alors que j'étais littéralement une épave. » Elle baissa les yeux, se mit à tripoter nerveusement ses ongles et ses doigts, avant de poursuivre. « Et j'espère qu'un jour peut-être, tu trouveras la force de me pardonner. » Elle avait l'impression d'étouffer, l'envie de sortir se fit pressante. Marloes posa sa main sur la poignée de la porte d'entrée.

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« Ne pleure pas je t'en pris. Je ne voulais pas te blesser sincèrement. J'ai retenu ce que je ressentais depuis si longtemps que je pense que ça avait besoin de sortir. Certes pas de la bonne façon, mais il fallait. » L'Adam froid et distant était peu à peu en train de disparaître pour laisser place à celui qu'elle avait connu quelques année plus tôt. Elle se débarrassa d'un poids, à la minute où il fit preuve d'un peu de compassion, soulagée qu'il ne se soit pas totalement transformée en un être égoïste et sans cœur et d'insensible à une quelconque émotion. Elle eut des flashs de tous les deux, alors qu'ils étaient encore ensemble, et heureux. Quand ils ne savaient pas encore comment leur destin allait basculer à tout jamais. « Je voulais juste que tu comprennes que j'ai autant souffert que toi. » Elle hocha la tête, compréhensive. « Je le sais maintenant. » Elle sentit son portable vibrer dans sa poche de jean, mais ne prit pas tout de suite la peine de répondre, persuadée que cela pouvait attendre. Et puis, elle se dit que la personne tentant de la joindre pouvait être Betsy, même si elle en doutait. Cette dernière l'évitait comme la peste depuis qu'elle était revenue à Amsterdam, pour le plus grand malheur de Marloes. Pour la première fois, il baissa les yeux à son tour. Il était donc vraiment touché, ce qui lui redonnait espoir. Non pas qu'elle apprécie de le voir mal, bien au contraire, mais au moins elle savait qu'ils avaient toujours cela en commun. Leur lien n'était donc pas complètement brisé. « Le problème c'est que dans un couple on est deux. On ne peut pas agir que pour soi. Je ne dis pas que c'était égoïste je dis juste que tu aurais du m'inclure dans ton équation. » « C'est vrai. Mais je n'ai même pas agi dans mon propre intérêt, c'était juste.. Le désespoir. » En effet, partir ne lui avait pas servi en tant que tel, et son but était d'arrêter d'avoir mal, mais en souffrant d'être loin de ce qu'elle aimait et qui se montraient tout soutien vis-à-vis d'elle. « J'avais autant envie de m'enfuir autant que toi seulement je n'aurais pas été capable de te quitter. » Aoutch. Elle n'avait jamais pensé à cette éventualité que lui aussi, ait pensé à partir. Ce qui l'emmena à se demander comment est-ce qu'elle aurait réagit si lui avait décidé de tout plaquer et de partir du jour au lendemain, presque sur un coup de tête. Elle essaya de se mettre à sa place, et se dut d'avouer qu'il faisait tout de même preuve d'un sang-froid et d'un certain calme. A la minute où elle l'aurait vu sur le pas de la porte, elle aurait sans doute eut envie de lui hurler des atrocités, et aurait même eut envie de faire preuve de violence. « Certes tu étais une épave, mais j'étais prêt à prendre soin de cette épave parce que c'était mon épave. Pour le meilleur et pour le pire tu te souviens ? » Elle s'en souvenait plus que très bien. Si des choses s'oubliaient, le jour de son mariage restait gravé dans la mémoire. Leur cérémonie avait été particulièrement émouvante, même les invités avaient eu les larmes aux yeux et même des semaines après, on en parlait encore. Malgré tout ce qui avait suivi, et malgré l'annulation demandée par Marloes, ce jour restait sûrement le plus heureux de toute son existence. Elle n'avait pas tenue sa part du marché, elle s'était sentie trop faible pour faire face à ce qui leur arrivait. Elle voulait affronter sa peine seule, devoir en parler et puis prétendre que tout allait bien ne lui convenait pas. Les mots d'Adam lui firent chaud au cœur, et ses larmes coulèrent de plus belle. Voilà des années qu'elle n'avait pas versé une larme. Il fut un temps où elle pleurait beaucoup, et puis, c'était comme si son corps s'était vidé. Même lorsqu'elle le souhaitait, rien ne sortait. Elle baissa les yeux, incapable de répondre. Que pouvait-elle répondre, de toutes manières ? Alors qu'elle prenait la direction de la porte, Adam prit la parole. « Je pense que je pourrais y arriver. Avec le temps je pourrais te pardonner parce que tu es toi, que je suis moi. » Ses paroles lui rappelèrent leurs jours heureux, quand ils formaient encore ce couple qui aurait pu devenir mythique, l'un n'allant pas sans l'autre. Et surtout, elle se sentit reconnaissante, que malgré tout, il pense pouvoir lui pardonner. C'était bien la raison de sa venue, mais elle ne pensait pas que ce serait possible, du moins pas d'aussi tôt. « Je ne serais pas capable d'oublier, mais de te pardonner sûrement que si. » Elle ne pouvait pas lui en demander trop, elle-même n'étant capable d'oublier. Tous les jours, elle vivait avec ses vieux démons, des souvenirs et surtout un nombre incalculable de questions qui n'auraient probablement jamais de réponses. Elle fit demi-tour, et vint se mettre à hauteur d'Adam, et lui passa la main sur son bras. Elle frissonna, voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas fait cela. Elle tenta de sourire en coin, timidement, et rebroussa chemin. « Aurevoir Adam. »